Présidentielle 2007 : l'emploi

Publié le par Alliolie

Meilleurs voeux à tous. Et je commence l'année avec un article bien long... histoire de vous faciliter la digestion des dindes, buches, et maintenant galettes.

Jeu : Oh toi lecteur, sauras-tu restituer à chaque parti les propositions suivantes ?

 

1/ PS ou UMP ?

 

« Atteindre le plein emploi est possible à l’horizon 2012. Un tel objectif nécessite, au-delà des effets de la démographie, une action volontariste pour créer des emplois, pour sécuriser les parcours professionnels et pour faciliter l’entrée dans la vie active des jeunes. Favoriser la création d’emplois. - Nous réactiverons les emplois-jeunes dans le secteur public et associatif en relation avec les emplois tremplins mis en place dans les régions. - Nous modifierons les prélèvements sociaux afin qu’ils cessent de pénaliser l’emploi. Nous avons réalisé une première étape majeure en 1998 en basculant les cotisations sociales maladie vers la CSG. Nous devons aujourd’hui faire de même pour les cotisations patronales en les calculant sur l’ensemble de la richesse produite et non sur les seuls salaires. - Nous ferons un bilan avec les partenaires sociaux de l’application des 35 heures, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. - Nous relancerons la négociation sur le temps de travail, pour étendre le bénéfice des 35 heures, avec création d’emplois, à tous les salariés. Si la négociation n’aboutit pas, la loi interviendra. Nous rétablirons par la loi les rémunérations des heures supplémentaires et les plafonds horaires comme ils l’étaient avant leur remise en cause par la droite. […]Construire avec les partenaires sociaux une sécurité professionnelle Le conflit du CPE, après bien d’autres mobilisations sociales, a marqué le rejet catégorique des Français et notamment les plus défavorisés d’entre eux, de la précarisation générale du travail. L’heure n’est plus au rafistolage. Il faut repenser tout le système. Nous le ferons avec les partenaires sociaux dans une grande négociation sur la Couverture Professionnelle Universelle (CPU). - Elle assurera les trois éléments majeurs du travail : l’emploi, une garantie de ressources et la promotion professionnelle. Dans ce cadre, nous créerons un droit individuel à la formation tout au long de la vie d’autant plus élevé que la formation initiale aura été courte. Il prendra la forme d’une « carte vitale professionnelle ». - Nous unifierons les droits des demandeurs d’emplois : une garantie de ressources de base, ouverte à tous les actifs privés d’emploi et financée par la solidarité nationale et un régime complémentaire, proportionnel au dernier salaire, l’Unedic, géré par les partenaires sociaux. Chaque demandeur d’emploi bénéficiera d’un accompagnement individualisé dans un dispositif comportant un bilan, la formation professionnelle et un référent unique. Nous lancerons une négociation pour aller vers un Service public de l’emploi unifié mettant en synergie les différents acteurs de la politique de l’emploi, notamment les régions qui sont l’échelon pertinent pour définir les orientations et les objectifs de la politique de formation. - Pour les jeunes, nous lancerons le programme d’entrée dans la vie active (EVA). Il reposera sur une allocation d’autonomie dans le cadre d’un parcours de formation et de recherche d’emploi. Chaque jeune bénéficiera d’un suivi individualisé pour accéder à une première expérience professionnelle. - La rémunération des stagiaires et leur encadrement seront réglementés. – […] »

 

2/ PS ou UMP ?

 

« Promouvoir la diversité dans l’emploi. Pour qu’ils puissent prendre un emploi ou mener un projet professionnel spécifique, nous permettrons aux habitants des quartiers en difficulté d’accéder à des logements situés en dehors de ceux-ci. Nous généraliserons la procédure du CV anonyme partout où elle est possible (grandes entreprises, ANPE…). Nous réserverons les marchés publics aux entreprises dotées d’un label « diversité », c’est-à-dire à celles dont le personnel reflète le caractère multiple de la société française. Mais c’est d’abord dans la fonction publique que l’Etat, parce que c’est son rôle, devra montrer l’exemple d’une politique de diversité qui donne sa chance à chacun. Grâce à son système de recrutement objectif par concours, la fonction publique a toujours été un puissant levier de promotion sociale. Pour susciter des vocations pour le service public parmi ceux qui pensent que leurs difficultés sont trop grandes à surmonter pour y parvenir, nous créerons des centres de préparation de ces concours. Ils seront ouverts aux jeunes des quartiers ou à des jeunes bénéficiaires de bourses attribuées en fonction de critères sociaux. Ils auront pour but mettre ces personnes au même niveau que les autres pour préparer et réussir les concours de la fonction publique. […] Inciter au travail. Etre plus nombreux à travailler est une exigence à l’heure du retournement démographique. La loi fixera le principe que les revenus du travail doivent toujours être supérieurs aux revenus de l’assistance. On a laissé se développer des aides locales en tout sens (cantines, transport, sport, logement…) qui, concrètement, aboutissent à ce qu’il soit plus avantageux de rester sans travail que d’en reprendre un. Ces aides seront donc encadrées plus strictement et ne pourront jamais conduire à ce qu’un inactif soit mieux traité qu’un actif. Tout bénéficiaire d’une aide de la collectivité nationale doit rendre compte à la Nation de l’usage qu’il fait de cette aide. Les minima sociaux attribués à des personnes d’âge actif sont là pour aider ceux qui en bénéficient à franchir une étape difficile. Cela peut arriver à chacun. Ils ne sauraient devenir un moyen de subsistance à vie. Nous demanderons donc à tout bénéficiaire d’un minimum social en âge de travailler d’avoir une activité adaptée à sa situation (formation, activité d’intérêt général, travail de groupe...). Le but de cette activité sera de lui permettre de retrouver un emploi.[…] Travailler doit protéger. Dans une économie qui va plus vite qu’autrefois, où les entreprises doivent en permanence s’adapter, saisir de nouvelles opportunités, conquérir de nouveaux marchés, le rôle des entreprises est de créer les emplois, celui de la puissance publique est de protéger les personnes. C’est ce qu’a compris le Danemark et ce qui lui a permis de réduire de 14 à 5% son taux de chômage en dix ans. Les entreprises gagneront de la souplesse grâce au contrat unique, les salariés de la sécurité grâce à l’assurance « salaire et retour à l’emploi ». Celle-ci sera créée, comme le contrat unique, en concertation avec les partenaires sociaux : - l’assurance « salaire », ce sera la garantie, lorsqu’on est au chômage, de percevoir une rémunération suffisante pour qu’au traumatisme professionnel de la perte de son emploi, ne s’ajoute pas en plus un traumatisme social. Les allocations chômage devront être revues avec les partenaires sociaux pour qu’elles soient plus justes, plus protectrices, plus incitatives au retour à l’emploi et plus adaptées à la situation réelle de chacun devant l’emploi ; - l’assurance « retour à l’emploi », ce sera l’assurance d’être immédiatement et intégralement accompagné dans sa recherche d’emploi. D’une part, grâce à la fusion de l’ANPE et de l’UNEDIC, ainsi que des autres services de l’Etat qui s’occupent d’emploi et d’insertion professionnelle, dans un grand service public de l’emploi. Il accompagnera ou fera accompagner par des organismes spécialisés tout demandeur d’emploi dans ses recherches. Personne ne sera laissé au bord de la route. Nous préférons consacrer de l’argent à aider des personnes à retrouver un emploi plutôt que les payer à rester chez elles. D’autre part, grâce à une réforme de la formation professionnelle permettant de recevoir à tout âge une formation longue et qualifiante permettant d’apprendre un nouveau métier ou de changer de secteur d’activité. A l’image de l’assurance maladie, qui couvre davantage ceux qui sont plus malades, plus le risque d’avoir du mal à retrouver un emploi sera élevé, plus les personnes seront protégées. Dans les régions qui subissent de profondes mutations économiques, dans les secteurs exposés à la mondialisation, en cas de plan social massif, le service public de l’emploi interviendra plus précocement, avec des moyens renforcés. Nous voulons convaincre qu’il faut changer de logique. Dans l’économie de la connaissance et de l’innovation, chercher à mettre ses compétences au service de l’organisme le plus capable de les valoriser n’est pas seulement utile pour soi. C’est utile pour toute la collectivité. On ne parlera plus d’indemnisation du chômage. On parlera de rémunération de la recherche d’emploi.  »

 

Mon avis : Avec le PS, souvent, au début on y croit ; et pour une fois, on croit même rêver : la référence à la possibilité d’atteindre le plein emploi d’ici 2012, référence à un objectif quantifiable, confère au propos d’une apparence de crédibilité et de sérieux peu habituelle (bon, j’arrête, je plaisante).

 

Plus sérieusement, tentons une synthèse, ces deux paragraphes étant un peu indigestes, j’en conviens.

 

D’abord les slogans : côté PS, nous avons du « Favoriser la création d’emplois » et du « Construire avec les partenaires sociaux une sécurité professionnelle » ; côté UMP, on nous offre du « Promouvoir la diversité dans l’emploi », « Inciter au travail » et du « Travailler doit protéger ». On se demande où est passé le fameux clivage gauche-droite … et pourtant, il semble déjà poindre, ce qui se confirme par la suite.

 

Comment créer de l’emploi ? Réponse du PS : en modifiant les prélèvements sociaux « afin qu’ils cessent de pénaliser l’emploi », en calculant les cotisations patronales « sur l’ensemble de la richesse produite et non sur les seuls salaires », en réactivant « les emplois-jeunes dans le secteur public et associatif en relation avec les emplois tremplins mis en place dans les régions ».  Réponse de l’UMP : « le rôle des entreprises est de créer les emplois, celui de la puissance publique est de protéger les personnes », or « les entreprises gagneront de la souplesse grâce au contrat unique ». Autrement dit, et de manière assez traditionnelle, le PS passe par l’Etat ou plutôt par la puissance publique, via les prélèvements sociaux, l’UMP par la législation du travail.

 

Les 35 heures ?

 

Réponse du PS : « un bilan avec les partenaires sociaux de l’application des 35 heures, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif » et une relance de « la négociation sur le temps de travail, pour étendre le bénéfice des 35 heures, avec création d’emplois, à tous les salariés », et « si la négociation n’aboutit pas », pas de quartier, «  la loi interviendra. » ; d’ailleurs, le PS rétablira « par la loi les rémunérations des heures supplémentaires et les plafonds horaires comme ils l’étaient avant leur remise en cause par la droite ». En bref, pour le PS, les 35 h restent une grande histoire d’amour.

 

Réponse de l’UMP : elle ne figure pas ici, mais vous vous en douterez, remise en cause remise en cause : si tel était le cas, pourquoi n’est-ce pas déjà fait ?

 

Les droits des chômeurs ?

 

Réponse du PS : il propose  « une grande négociation sur la Couverture Professionnelle Universelle (CPU) ». Et alors là, attention, trois points : « l’emploi, une garantie de ressources et la promotion professionnelle ». Autant dire la méga couette, pas la ptite coucoutte. Création d’un « droit individuel à la formation tout au long de la vie d’autant plus élevé que la formation initiale aura été courte » et prenant la forme d’une « carte vitale professionnelle ». Par ailleurs, unification des droits des demandeurs d’emplois (égalitarisme, quand tu nous tiens)  et bénéfice d’un « accompagnement individualisé dans un dispositif comportant un bilan, la formation professionnelle et un référent unique»

 

Réponse de l’UMP : je vous le donne en mille, une assurance aussi ( !), « l’assurance « salaire et retour à l’emploi » ». Mais cette fois, deux points, à savoir salaire et retour à l’emploi : moins ambitieux l’UMP ? Non ! Puisque lui aussi est favorable, d’une part, au fameux guichet unique pour les demandeurs d’emploi, (en précisant « nous préférons consacrer de l’argent à aider des personnes à retrouver un emploi plutôt que les payer à rester chez elles »), et d’autre part, à « une réforme de la formation professionnelle permettant de recevoir à tout âge une formation longue et qualifiante ».  

 

Ça sent le kif kif bouriquot non ? Quand je vous dis qu’ils ont les mêmes nègres…

 

Mais l’UMP ajoute tout de même que « la loi fixera le principe que les revenus du travail doivent toujours être supérieurs aux revenus de l’assistance » et que « tout bénéficiaire d’une aide de la collectivité nationale doit rendre compte à la Nation de l’usage qu’il fait de cette aide […] Nous demanderons donc à tout bénéficiaire d’un minimum social en âge de travailler d’avoir une activité adaptée à sa situation (formation, activité d’intérêt général, travail de groupe...)». N’êtes-vous pas étonnés que cela soit le méchant parti libéralo-patronal qui prenne davantage en compte la prévention de l’isolement social lié au chômage que la perte de pouvoir d’achat qui en résulte ?

 

 

Bon, un point positif de chaque côté tout de même : côté UMP, tout le volet sur la diversité, bien que je ne sois pas fondamentalement convaincue des mérites du CV anonyme (quoiqu’il ait au moins le mérite de permettre l’obtention d’un entretien à des personnes qui n’en auraient, sinon, jamais vu la couleur – sans mauvais jeu de mots). Côté PS, le simple fait d’aborder ici le chômage des jeunes (l’UMP le fait dans le volet que je qualifierai « éducation » de son programme)… mais rien de vraiment innovant dans les propositions…

 

Et pourtant, n’est-ce pas le PS qui annonce fièrement que « l’heure n’est plus au rafistolage » ?

 

 

Réponse : 1/ PS    2/UMP

Publié dans Présidentielle 2007

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A
Le 29 janvier 2007.         Bonjour Alliolie.<br /> Je suis de très mauvaise humeur. Vous allez le constater. Et je ne crois pas que le temps qui passe va arranger la situation. J’ai décidé d’être de très mauvaise humeur, et comme seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, je ne change pas d’avis.<br /> Hier lundi, une heure d’écriture m’a retenu après l’turbin pour vous commenter la politique comparée du plein emploi chez les huns et chez les autres. J’ai tout inscrit dans la case, j’ai posé mon clic sur publier, j’ai recopié les lettres mouvantes, et hop, disparu sans laisser de trace. Tant mieux, c’était nul.<br /> Je vais donc recommencer ...[la suite sur Bloghumeur, voir line dans le titre et ici: http://www.andremriviere.blogspot.comJe ne sais pas si le lien se mets en place automatiquement, ni même s'il est possible d'insérer un lien dans un commentaire. Enfin voilà, on ne gagne pas toujours à attendre.
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A
Bonjour Alliolie.Je tarde à répondre. J'ai un peu tartiné, puis détartiné, et je suis dans l'embarras de la fatigue accumulée ailleurs, au lieu de m'occuper de ce qui m'intéresse.Je ne vous oublie pas. A bientôt.
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